Épisode 80

La dyspraxie verbale - avec Ann-Sophie Duquette

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Lorianne Lacerte - Icône - Apple podcastÉcouter sur GoogleÉcoutez sur Spotify

Dyslexie, dysorthographie, dyscalculie… 

Dans le domaine de l’orthophonie, beaucoup de mots commencent par « dys » ! Et si tu me connais depuis un petit bout, ce n’est sûrement pas la première fois que tu lis ou entends ces mots.

Mais il y a un « dys » dont j’ai un peu moins souvent parlé. Lequel ?

Il s’agit de la dyspraxie verbale, qui fait partie du trouble des sons de la parole (TSP).

Qu’est-ce que la dyspraxie verbale, et comment aider les enfants qui vivent avec cette difficulté ? 🤔

Pour le savoir, poursuis la lecture de mon entrevue avec Ann-Sophie Duquette, orthophoniste et propriétaire de la clinique Fonia à Sherbrooke. Situ préfères, tu peux aussi écouter l’épisode, qui est disponible sur Apple Podcast, Google Podcast et Spotify.

Allons-y !

Qu’est-ce que le TSP (trouble des sons de la parole) ?

Avant d’expliquer ce qu’est la dyspraxie verbale, commençons par voir ce qu’est le TSP (dont je viens de parler en introduction).

Le terme « trouble des sons de la parole », c’est une traduction directe du terme anglais « Speech Sound Disorder », qui regroupe divers problèmes liés aux sons et à la phonologie.

En passant, on utilise aussi parfois le terme « trouble du développement des sons de la parole »(TDSP) comme autre nom pour le TSP. Par contre, pour essayer de ne pas être trop mélangeante, je vais utiliser le terme « TSP » dans cet article.

Le TSP affecte différents aspects de parole, comme :

-      la perception des sons ;

-      la manière dont les sons sont organisés dans le cerveau ;

-      la prosodie (c’est-à-dire la mélodie de la voix et le rythme).

Quand un ou plusieurs de ces aspects sont affectés au point où la parole de l’enfant est difficile à comprendre et peu fluide, on parle souvent de TSP.

En réalité, le TSP est un terme parapluie qui englobe plusieurs sous-catégories de troubles, dont la dyspraxie verbale, le trouble phonologique et le trouble articulatoire.

Pour en savoir plus sur le TSP, tu peux consulter les articles suivants :

-      Trouble développemental du langage et trouble des sons de la parole ; c’est quoi la différence ?

-      Épisode 13 : Le trouble du développement des sons de la parole (TDSP) – avec Ismaël Mériouma-Caron

Maintenant, parlons un peu plus du sujet clé de l’épisode : la dyspraxie verbale.

Qu’est-ce que la dyspraxie verbale ?

La dyspraxie verbale est une forme spécifique de dyspraxie qui se concentre sur les difficultés liées à la production des sons de la parole. Contrairement à d’autres troubles de la parole, la dyspraxie verbale n’est pas due à un problème musculaire ou anatomique de la bouche ou de la gorge, mais à des problèmes de planification et de coordination des mouvements nécessaires pour produire les sons de la parole de manière précise.

Les enfants atteints de dyspraxie verbale vont généralement avoir de la difficulté à imiter des mots, à lier les sons entre eux et à déterminer avec quelle force et quelle vitesse les articulateurs dans la bouche doivent bouger pour produire les bons sons.

Pour t’aider à mieux comprendre, voici 6 caractéristiques importantes de la dyspraxie verbale :

1. Difficulté de planification motrice

Les personnes atteintes de dyspraxie verbale ont du mal à planifier les séquences de mouvements complexes nécessaires pour prononcer correctement les mots. Elles peuvent avoir du mal à coordonner la langue, les lèvres et d’autres parties de la bouche pour produire des sons spécifiques.

2. Prononciation inexacte

En raison des difficultés de coordination, les individus atteints de dyspraxie verbale peuvent prononcer les mots de manière inexacte. Ça peut se traduire par des substitutions de sons, des omissions de sons, des ajouts de sons, etc.

3. Variabilité de la prononciation

La prononciation des mots peut varier d’une occasion à l’autre, ce qui rend la parole des personnes atteintes de dyspraxie verbale moins prévisible et parfois difficile à comprendre.

Par exemple, un enfant qui a un trouble phonologique pourrait avoir du mal à produire le son « k » et le transformer en « t ». Le mot « camion », dans ce cas, deviendrait toujours « tamion ».

Dans le cas d’une dyspraxie verbale, par contre, les variances dans la prononciation ne sont pas toujours les mêmes. Une fois, l’enfant pourrait dire « camion », et ensuite, dans un autre contexte, dire « tamion » ou même « mamion ».

4. Effets sur la communication

Évidemment, quand on met tout ça ensemble, la dyspraxie verbale rend la parole moins claire et plus difficile à comprendre, ce qui a des effets sur la communication. Malheureusement, ça peut entraîner des frustrations pour la personne atteinte et des difficultés d’interaction sociale.

5. Sons manquants

Chez un enfant atteint de dyspraxie verbale, certains sons peuvent être carrément manquants, ce qui réduit considérablement son répertoire sonore.

Par exemple, imagine que tu as un enfant de 2 ans qui s’appelle Amélia.

Amélia, c’est une petite fille adorable et souriante, mais elle parle très peu et quand elle dit des mots, sa prononciation laisse vraiment à désirer.

Tu décides donc de consulter une orthophoniste, qui analyse le répertoire sonore d’Amélia. L’orthophoniste découvre que ta fille ne produit que 6 sons, ce qui a un impact sur son développement linguistique (avec seulement 6 sons, on s’entend que le nombre de mots qu’on peut dire est limité).

Heureusement, avec l’âge, le répertoire sonore a tendance à s’étendre et à évoluer, ce qui veut dire que ta fille pourra éventuellement dire plus de mots et mieux communiquer verbalement.

Mais pour ce faire, elle aura sûrement besoin de l’aide d’une orthophoniste.

6. Plus de voyelles, moins de consonnes

Chez les enfants qui ont une dyspraxie verbale, c’est commun de remarquer la présence de plus de voyelles que de consonnes. Par exemple, l’enfant pourrait dire « a-a »au lieu de « banane ».

L’explication logique pour ça, c’est que les voyelles sont presque toutes produites à la même place dans notre bouche, tandis que les consonnes demandent plus de variations dans les mouvements (ex. pour faire un « B », on doit fermer les lèvres, et pour faire un « F », on doit mettre nos dents sur nos lèvres).

Autre chose à noter, c’est que la dyspraxie verbale rend la proprioception (un mot fancy pour le sens qui nous permet de percevoir la position et le mouvement de nos muscles et de nos articulations) difficile. Les voyelles peuvent donc ressembler à d’autres voyelles (ex. « A » devient « O »), parce que l’enfant ne mettra peut-être pas sa langue à la bonne place dans sa bouche pour faire le son.

6 choses À NE PAS FAIRE si on veut aider un enfant qui a une dyspraxie verbale

Voici 6 choses qui n’aideront pas un enfant qui a une dyspraxie verbale, et qui pourraient même y nuire :

1. Segmenter les sons

Si l’enfant dit « sa » au lieu de « chat », on pourrait avoir le goût de mettre l’emphase sur le « ch » ou de segmenter les sons dans le mot (« ch » et « a »).

Mais quand on parle de dyspraxie verbale, c’est vraiment important de NE PAS FAIRE ÇA.

Pourquoi ? 🤨

Eh bien, pour aider les parents qu’elle rencontre à mieux se représenter ce qu’est la dyspraxie verbale, Ann-Sophie leur demande d’essayer de dire un mot à l’envers(ex. « téléphone »).

Qu’est-ce qui se produit à se moment-là ?

Les parents tâtonnent, reviennent en arrière, hésitent… Et c’est tout à fait normal !

Mais les enfants qui ont une dyspraxie verbale, ils ont cette même difficulté lorsqu’ils doivent dire les mots, même si les mots sont à l’endroit !

Ce que ça veut dire, c’est que la dyspraxie verbale est une difficulté à mettre les sons un à la suite de l’autre pour former des mots.

Donc, si on segmente les sons dans les mots, on est en train d’accentuer la difficulté de l’enfant. L’enfant, il essaie de fusionner les sons, donc si on vient les segmenter, on ne fait que lui mettre le bâton dans les roues.

2. Mal choisir nos cibles

Ici, quand je parle de cibles, je parle des mots qu’on va cibler pour travailler avec l’enfant.

Une cible mal choisie, ce pourrait être, par exemple :

·        un mot que l’enfant utilise très peu (ex. le mot « maquillage » pour un garçon de3 ans) ;

·        un mot avec des sons que l’enfant n’est pas capable de produire (ex. si le son « S »n’est pas dans le répertoire de sons de l’enfant, on ne va pas faire des piedset des mains pour stimuler le mot « sapin ») ;

·        un mot que l’enfant ne connaît pas (ex. si l’enfant ne connaît pas le mot « autrefois »,on ne va pas stimuler ce mot).

Travailler des cibles mal choisies, c’est inutile, et ça risque malheureusement de décourager l’enfant.

3. Demander à l’enfant de répéter des sons ou des mots au quotidien

Parlons de 3 situations pendant lesquelles on veut stimuler le langage de notre enfant :

1.   Dans le bureau de l’orthophoniste ;

2.   Après un rendez-vous en orthophonie pour travailler un mot spécifique que l’orthophoniste a recommandé ;

3.   Dans le quotidien.

Dans le quotidien, ce qu’on vise, c’est d’échanger avec notre enfant. On veut avoir des conversations avec lui, et surtout, on ne veut pas briser la communication entre nous.

Mais si on demande à un enfant de répéter tel ou tel son (comme on pourrait le faire dans le bureau de l’orthophoniste ou dans un moment dédié à la stimulation du langage), c’est ce qu’on va faire. On va briser l’échange.

Dans la vie de tous les jours, on ne demandera donc pas à notre enfant de répéter des sons ou des mots qu’il a mal prononcés.

C’est vraiment une question de timing.

Parce que dans les situations 1 et 2, l’enfant sait que son but, c’est d’apprendre à bien prononcer les mots. Mais dans la situation 3, son but, c’est peut-être juste de nous demander un verre de jus ou de nous dire qu’il est triste parce qu’il a perdu son ballon préféré. Et à ce moment-là, si on se concentre trop sur la prononciation et qu’on demande à notre enfant de se reprendre, on est un peu en train de lui dire que la forme de son message est plus importante que son contenu. 😥

4. S’attendre à la perfection

Un autre point essentiel à prendre en considération est que nous visons à rendre les mots fonctionnels, ce qui signifie qu’ils n’ont pas besoin d’être parfaits. On veut donc encourager et accepter les productions qui se rapprochent de la cible.

Ce que je veux dire par là, c’est que si l’enfant essaie de dire un mot, mais qu’il omet ou transforme un son (un son qu’il n’a pas encore acquis), on va quand même considérer le mot comme fonctionnel s’il est compréhensible. Évidemment, quand l’enfant sera prêt maîtriser le son manquant, on pourra perfectionner le mot, mais en attendant, on va se contenter de sa production imparfaite, mais fonctionnelle.

Par exemple, imagine que ton fils de 4 ans essaie de dire le mot « banane ».Initialement, il dit « nanane », puis, après avoir travaillé avec l’orthophoniste, il commence à dire « panane ».

Bon, ce n’est pas parfait, mais le son « P » se rapproche du son « B » (plus que le son « N »qui était prononcé initialement). Le mot est donc plus fonctionnel qu’avant, et on se rapproche du modèle souhaité en termes de mouvements de la bouche.

5. Travailler un mot ou un son sans en avoir parlé à l’orthophoniste

Chaque fois qu’on travaille un mot, on encode le patron moteur.

Donc, si on travaille un mot de manière inefficace, on renforce le mauvais patron moteur.

Par exemple, si on essaie de travailler le mot « banane » et que l’enfant répète continuellement « nanane », ce sera encore plus difficile par la suite d’aller déconstruire ce patron moteur erroné.

C’est donc vraiment important d’attendre le feu vert de l’orthophoniste avant de travailler de nouveaux mots à la maison. On ne veut surtout pas nuire à notre enfant et donner à l’orthophoniste du fil à retordre dans ses prochaines interventions !

6. Essayer de stimuler le langage avec des cartes et des images

En dyspraxie verbale, on n’a pas besoin d’utiliser des cartes ou des images parce qu’on part vraiment de l’expérience de l’enfant et de ses besoins spécifiques en termes de mots qu’il doit dire de manière plus efficace.

Et souvent, ces mots-là ne sont pas imagés. Par exemple, si l’enfant doit apprendre à bien prononcer le nom de son grand frère, Raphaël, je ne vais pas imprimer le visage de son frère sur une feuille ! Ça n’aidera pas l’enfant parce que de toute façon, il saura bien qu’on est en train de travailler la prononciation du nom « Raphaël ».Pas besoin d’image pour ça ! 😅

8 choses À FAIRE si on veut aider un enfant qui a une dyspraxie verbale

Maintenant qu’on a examiné quoi NE PAS FAIRE, regardons ensemble ce qu’on DEVRAIT FAIRE pour aider les enfants qui ont une dyspraxie verbale.

1. Étirer les voyelles

Si on veut que l’enfant apprenne à bien dire un mot, on va vouloir mettre l’emphase sur les mouvements de notre bouche en allongeant les voyelles. On voudra aussi prononcer le mot plus lentement, mais sans faire de pauses entre les syllabes.

Par exemple, si on revient au mot « pantalon », au lieu de séparer le mot en syllabes, on va dire « paaaaaantaaaaaaalooooooon ».

Le but, c’est de ne pas couper le moment de transition entre les différents sons, moment qui est vraiment difficile chez les enfants dyspraxiques. Au lieu de mettre l’emphase sur les sons, on veut donc mettre l’emphase sur les transitions.

2. Mettre l’attention sur notre bouche

Les enfants qui ont de la dyspraxie verbale ont souvent de la difficulté à voir concrètement où placer les articulateurs, donc si on leur montre comment on fait, ça va beaucoup les aider.

Pour mettre l’attention sur notre bouche, on peut soit placer des objets près de notre bouche, ou sinon se mettre à la hauteur de l’enfant.

3. Faire de la répétition simultanée

L’une des stratégies qui sont très recommandées en dyspraxie verbale, c’est de faire de la répétition simultanée, c’est-à-dire de dire les mots en même temps que l’enfant (bonus points si on dit le mot lentement en allongeant les voyelles).

4. Bien choisir nos cibles

Tantôt, on a vu 3 types de cibles qui ne seraient pas appropriées.

Maintenant, on va examiner 2 types de cibles qu’on VEUT travailler : des cibles fonctionnelles et réalistes.

Des cibles fonctionnelles

Une cible fonctionnelle, c’est un mot qui a un impact dans le quotidien de l’enfant.

C’est vraiment important d’utiliser des mots fonctionnels parce que ce sont des mots que l’enfant utilise fréquemment, mais qu’il a de la difficulté à dire et qu’on ne comprend pas.

Un petit truc : si tu n’arrives pas à dire pourquoi tu as choisi telle ou telle cible, c’est sûrement parce qu’elle n’est pas si fonctionnelle que ça, finalement. 😅

Des cibles réalistes

On doit toujours partir de ce que l’enfant est capable de faire.

Et parfois, les cibles semblent être bonnes on paper, mais quand on les teste avec l’enfant, elles ne fonctionnent pas vraiment. Dans ce cas, c’est mieux de laisser tomber la cible pour ne pas encoder le mauvais patron moteur et aussi pour ne pas décourager l’enfant.

5. Travailler les précurseurs à la communication

Pour être en mesure de bien travailler les cibles choisies, c’est important que l’enfant maîtrise les précurseurs à la communication, comme l’imitation verbale et l’attention conjointe.

Ces précurseurs peuvent être travaillés à la maison, ce qui est vraiment l’idéal si on veut que le suivi en orthophonie ait plus de succès.

En fait, siles précurseurs à la communication ne sont pas développés, l’orthophoniste n’aura pas le choix de commencer par travailler là-dessus avant de commencer à aider l’enfant avec sa dyspraxie verbale.

Pour en savoir plus, je t’invite à lire mon article de blogue intitulé « Les précurseurs à la communication :que sont-ils et comment peux-tu aider ton enfant à les développer ? ».

6. Être patient

Aider un enfant qui a une dyspraxie verbale, ça ne se fait pas du jour au lendemain.

En tant que parent (et même en tant qu’orthophoniste), il faut donc être patient et prendre le temps qu’il faut pour que l’enfant s’améliore.

7. Être attentif et vigilant

Ce que je remarque avec plusieurs parents, c’est qu’ils ne se rendent parfois même pas compte des erreurs de leur enfant.

Mais si on veut soutenir notre enfant, on doit d’abord commencer par identifier les problèmes. C’est la première étape.

Donc, essaie de prêter attention aux productions verbales de ton enfant pour tout de suite soulever un petit drapeau rouge si quelque chose ne va pas, ce qui te permettra d’aider ton enfant le plus vite possible.

8. Donner le modèle verbal

Fournir à l’enfant le bon modèle verbal lorsqu’il prononce des mots incorrectement, c’est essentiel.

On ne voudrait pas qu’il ait l’impression que sa propre manière de dire le mot était correcte et qu’il répète toujours le mot de cette façon-là. 😅

Aussi, on veut se souvenir que donner le modèle verbal, ça veut dire qu’on apprend à l’enfant à prononcer les mots de la manière dont on les prononce dans notre langage courant. Parfois, les mots sont écrits d’une certaine manière, mais on ne les prononce pas exactement de cette façon.

Le but du modèle verbal, ce n’est pas que notre enfant parle comme un petit robot en prononçant chaque son de manière très distincte. En fait, dans la vie de tous les jours, la plupart des gens vont modifier ou omettre des sons dans les mots, et c’est important de tenir compte de ça dans nos modèles.

Quel est le rôle de l’orthophoniste, des parents et des éducatrices en ce qui concerne la dyspraxie verbale ?

Aider un enfant avec la dyspraxie verbale, ça prend souvent du teamwork. Voici comment chaque personne peut apporter son aide !

Le rôle de l’orthophoniste

L’orthophoniste a un grand rôle à jouer, donc je vais le séparer en 3 aspects pour simplifier le tout.

L’évaluation et le plan d’intervention

Pour commencer, l’orthophoniste a un rôle d’évaluation et d’intervention.

Une fois que le trouble est bien identifié, l’orthophoniste peut utiliser des approches spécifiques et conseiller les parents sur les stratégies à utiliser.

Parce que oui, les stratégies diffèrent considérablement en fonction du type de trouble.

Par exemple, si on applique les stratégies de la dyspraxie verbale à un trouble phonologique, ça ne sera pas bénéfique. Inversement, l’application des stratégies de la phonologie à un trouble dyspraxique pourrait nuire à l’enfant.

C’est pourquoi c’est essentiel d’identifier correctement le trouble. Mais que faire en cas de doute ? 😬

Eh bien, Ann-Sophie et moi recommandons de suivre une approche qui ressemble à celle qu’on utilise pour la dysphasie verbale, en mettant l’accent sur le mouvement de la bouche et en évitant de couper les mots.

Favoriser l’acquisition de nouveaux sons

Comme mentionné précédemment, on veut choisir nos cibles en fonction des sons que l’enfant est capable de produire.

Lorsque certains sons font défaut, on peut les stimuler de manière implicite, ce qui signifie qu’on ne s’attend pas nécessairement à ce que l’enfant produise cessons sur demande.

Ce qui peut aider, c’est que souvent, les sons sont associés à des analogies. Par exemple, le « S » peut être associé au sifflement du serpent. On peut utiliser ces sons dans des activités, comme jouer avec des voitures et faire le son « V » pour représenter le bruit du moteur.

Même si l’enfant ne nous imite pas, le fait de nous entendre faire le son peut l’aider à acquérir ce son et éventuellement, à le produire spontanément.

Utiliser une hiérarchie d’indices

Dans ses interventions avec les enfants dyspraxiques, Ann-Sophie utilise une hiérarchie d’indices pour stimuler les sons.

Concrètement, voici comment ça se passe :

·        Étape 1 : Ann-Sophie prononce le mot en même temps que l’enfant et elle utilise tous les indices visuels et tactiles possibles, y compris des gestes, pour aider l’enfant à produire le mot. C’est ce qu’on appelle l’imitation simultanée.

·        Étape 2 : Progressivement, Ann-Sophie réduit le nombre de gestes et de supports visuels.

·        Étape 3 : Ann-Sophie coupe sa voix et ne fait que mimer le mot, laissant à l’enfant le soin de le dire tout seul.

·        Étape 4 : Ann-Sophie dit le mot, puis fait une pause, après quoi l’enfant doit formuler le mot par lui-même pour pouvoir l’utiliser spontanément dans un contexte réel. C’est ce qu’on appelle l’imitation différée.

Le rôle des parents

Les parents aussi ont un grand rôle à jouer, donc je vais séparer celui-ci en 2 aspects.

Choisir les cibles

L’une des responsabilités des parents, c’est de choisir les cibles qui seront à travailler.

C’est le parent qui connaît le mieux son enfant, donc c’est lui qui pourra nous dire ce que son enfant aime, ce que son enfant dit souvent, le nom de ses collations préférées, le nom de ses frères et sœurs…

En gros, on peut dire que c’est un travail de collaboration entre le parent, qui présente des options de mots, et l’orthophoniste, qui détermine quels mots seraient les plus adaptés aux capacités actuelles de l’enfant.

Motiver l’enfant

Les parents jouent aussi un rôle crucial en matière de motivation et ils veillent à ce que l’enfant soit dans un état d’esprit favorable quand il vient en orthophonie.

Des fois, les orthophonistes ne sont pas nécessairement au courant de ce qui se passe à la maison. Par exemple, peut-être que l’enfant fait des crises avant chaque rendez-vous en orthophonie, mais que le parent ne le dit pas à l’orthophoniste.

Dans de tels cas, l’orthophoniste pourrait travailler à contre-courant sans le savoir.

C’est donc vraiment important que la communication entre le parent et l’orthophoniste soit transparente à ce sujet. Par exemple, le parent devrait informer l’orthophoniste si l’enfant vit des difficultés à l’école ou à la garderie, ce qui pourrait avoir un impact sur les interventions.

Le rôle des éducatrices

Les éducatrices peuvent elles aussi travailler sur la production des mots et des sons qui ont été ciblés par les parents et l’orthophoniste.

En ce qui la concerne, Ann-Sophie explique parfois aux éducatrices les stratégies à appliquer avec tel ou tel enfant, et elles travaillent de concert avec l’enfant pour progresser dans ce sens.

Comment contacter Ann-Sophie ?

Voilà qui fait le tour de la dyspraxie verbale, ou du moins, de l’entrevue que j’aie faite avec Ann-Sophie !

Si tu souhaites la contacter, tu peux passer par le site web de Fonia, sa clinique d’orthophonie.

Quoi qu’il en soit, on se retrouve dans 2 semaines pour parler de la collaboration entre les parents et les orthophonistes. À + ! 😊

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La dyspraxie verbale : qu’est-ce que c’est, et comment soutenir les enfants qui vivent avec cette difficulté ? | L'orthophonie simplement - épisode 80
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